Et si les voies ferrées devenaient la nouvelle frontière de la production solaire ? C’est le pari audacieux de la startup suisse Sun-Ways, qui vient d’installer le tout premier système ferrovoltaïque amovible au monde. En clair : des panneaux solaires placés directement entre les rails, sans gêner le passage des trains, mais capables de produire de l’énergie verte. Cette innovation vient d’entrer en phase de test à Buttes, dans le canton de Neuchâtel, et pourrait bien changer la donne dans l’univers du solaire.
Un chantier pilote pour tester la viabilité du ferrovoltaïque
L’installation inaugurée le 28 avril 2025 se compose de 48 panneaux photovoltaïques, chacun délivrant 380 watts. Posés sur une section de voie de 100 mètres, ces modules ont été fixés à l’aide d’un système mécanique spécialement conçu par la société Scheuchzer. Leur atout principal ? Ils sont amovibles. Ce détail est crucial : les rails doivent régulièrement faire l’objet de contrôles techniques et d’opérations de maintenance, d’où la nécessité d’un système réversible, simple à retirer.
Ce pilote produira environ 16 mégawattheures (MWh) par an, ce qui correspond à la consommation de trois à quatre foyers suisses. Si la performance peut sembler modeste, le but est avant tout de valider la technologie et son intégration au réseau ferroviaire sans compromettre la sécurité des trains.
Un test sur trois ans pour convaincre autorités et exploitants
Ce projet ne peut prétendre à une généralisation qu’après une phase de test réglementaire de trois ans, imposée par l’Office fédéral des transports en Suisse. Durant cette période, Sun-Ways va surveiller plusieurs aspects :
Critères d’évaluation | Objectif |
---|---|
Solidité mécanique | Résister aux vibrations et au poids des trains |
Facilité d’entretien | Permettre un retrait rapide pour maintenance des rails |
Performance énergétique | Mesurer la production réelle sur toute l’année |
Impact environnemental | Éviter les interférences avec la faune ou les infrastructures |
Un potentiel colossal sur les voies ferrées suisses
La Suisse dispose d’un réseau ferroviaire long de 5 000 km. Selon Sun-Ways, cela représenterait une surface suffisante pour installer jusqu’à 2,5 millions de panneaux. L’énergie produite atteindrait alors 1 térawattheure (TWh) par an, soit environ 2 % de la consommation électrique totale du pays. Une part non négligeable, totalement décarbonée et produite sur des infrastructures déjà existantes, sans artificialiser de nouvelles surfaces.
Le projet vise à utiliser cette électricité de manière locale, en priorité pour alimenter directement les trains, contribuant ainsi à réduire leur dépendance aux énergies fossiles ou au mix électrique conventionnel.
Une ambition qui dépasse les frontières suisses
Forte de cette première installation, la jeune entreprise ne compte pas s’arrêter là. Elle prévoit déjà des projets pilotes dans plusieurs pays, dont la France, l’Espagne, la Corée du Sud, la Chine et même les États-Unis. L’objectif : démontrer l’intérêt du ferrovoltaïque dans des contextes climatiques, techniques et ferroviaires très différents.
La technologie pourrait notamment séduire les pays disposant d’un vaste réseau ferré sous-utilisé ou en zone ensoleillée. L’avantage ? Aucun besoin d’espace supplémentaire ni de modification lourde de l’infrastructure existante. La seule condition est que les rails soient régulièrement entretenus, pour pouvoir accueillir ces modules entre les inspections.
Un concept complémentaire aux autres infrastructures solaires
Le ferrovoltaïque s’inscrit dans une tendance plus large : réutiliser intelligemment les surfaces existantes pour produire de l’énergie. On connaissait déjà les routes solaires, les toitures, les parkings ou même les plans d’eau équipés de panneaux flottants. Cette fois, c’est le rail qui devient une nouvelle opportunité de transition énergétique.
Et vous, que pensez-vous de cette idée d’exploiter les rails pour produire de l’électricité ? Est-ce une voie d’avenir pour le solaire en milieu urbain et rural ?