Aujourd’hui encore, que votre voiture roule à l’essence ou à l’électrique, le contrôle technique reste identique. Mais plus pour très longtemps. Car l’Union européenne planche actuellement sur une réforme qui pourrait bien tout changer pour les véhicules 100 % électriques. Et c’est loin d’être un simple ajustement : selon plusieurs experts du secteur automobile, il y aurait même plus d’éléments à surveiller sur un véhicule électrique que sur un thermique. Explications.
Pourquoi un contrôle technique spécifique pour les voitures électriques est à l’étude
À première vue, on pourrait croire qu’un véhicule électrique, sans pot d’échappement ni moteur à explosion, serait plus simple à inspecter. Et pourtant, la réalité technique est tout autre. Les autorités européennes commencent à le reconnaître : la structure d’un véhicule électrique implique de nouveaux points de vigilance, jusqu’ici absents du protocole classique.
Le Parlement européen et la Commission discutent actuellement d’un encadrement spécifique pour ces véhicules, dans le cadre de la révision des règles de sécurité et de contrôle périodique des véhicules légers. Ces discussions visent à adapter les contrôles aux spécificités techniques des véhicules zéro émission, dont la part ne cesse de croître dans le parc automobile européen.
Des composants invisibles mais critiques à surveiller de près
Ce qui change, ce ne sont pas tant les freins ou les pneus — communs à tous les véhicules — mais plutôt des éléments propres à la motorisation électrique, parfois complexes à évaluer sans outils spécifiques :
- L’état de la batterie de traction, qui peut peser plusieurs centaines de kilos, est un point crucial. Vieillissement, usure chimique, surchauffe : les contrôles techniques actuels ne permettent pas encore d’en évaluer l’état de manière fiable.
- L’isolation haute tension, un élément de sécurité fondamental, doit aussi être mesurée précisément pour éviter tout risque d’électrocution.
- Les câbles de charge, les prises et même les bornes embarquées peuvent devenir des points faibles s’ils ne sont pas en bon état.
- Les systèmes logiciels embarqués, qui gèrent la recharge, le freinage régénératif ou les aides à la conduite, pourraient eux aussi faire partie du futur cahier des charges.
Un professionnel du contrôle technique, interrogé par la presse spécialisée, confiait récemment : « On pense que l’électrique est plus simple, mais en réalité, il y a plus d’électronique, plus d’éléments invisibles, donc plus de choses à inspecter. »
Une réforme qui pourrait impacter tous les automobilistes
Si cette réforme européenne est adoptée, elle ne serait pas anodine pour les propriétaires de véhicules électriques. Le passage au contrôle pourrait devenir plus long, plus technique, et probablement plus coûteux. Car les centres devront s’équiper de matériel spécialisé, former leurs agents, et intégrer des procédures de sécurité spécifiques à la haute tension.
Cela pourrait aussi rassurer certains consommateurs encore hésitants à passer à l’électrique. L’un des freins au développement du marché reste la peur de l’obsolescence des batteries ou des problèmes cachés au moment de l’achat d’occasion. Un contrôle technique plus rigoureux pourrait renforcer la confiance sur le marché de la seconde main.
Ce qui change (ou pas) en France pour l’instant
À l’heure actuelle, la France applique le cadre commun de l’UE, avec un contrôle technique tous les deux ans à partir de la quatrième année du véhicule, qu’il soit thermique ou électrique. Aucun test spécifique à la batterie ou à l’électronique n’est exigé. Mais cela pourrait évoluer rapidement si Bruxelles acte cette évolution législative.
Des groupes de travail ont déjà été mis en place en lien avec des constructeurs, des experts automobiles et les représentants des centres de contrôle technique. Leur mission : proposer une grille de points à vérifier adaptée à la réalité technique des véhicules électriques, sans complexifier inutilement la procédure.
À quoi s’attendre dans les années à venir ?
Ce nouveau contrôle technique ne devrait pas entrer en vigueur avant 2027 ou 2028, selon les premières estimations. Il faudra du temps pour adapter les infrastructures et former les personnels. Mais une chose est sûre : la voiture électrique n’échappera pas à une surveillance plus ciblée.
Et c’est logique. Si l’on veut que ces véhicules deviennent la norme, il faut aussi s’assurer qu’ils restent fiables, sûrs, et bien entretenus, tout au long de leur durée de vie.
D’ici là, restez attentif aux annonces de votre centre de contrôle technique : des premiers tests pilotes pourraient voir le jour dès 2026 dans certaines régions de France. Vous êtes conducteur d’un véhicule électrique ? Vous pourriez bien être parmi les premiers à inaugurer cette nouvelle génération de contrôle.